L'explication est là :
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Le poisson ne nourrit pas son pêcheur
Photo : Thierry Creux
Du bar et de la sole congelés, des coquilles, du lieu jaune détruits... Les produits de la mer sont touchés par la crise de consommation.
Trente tonnes de bar de chalut débarquées, hier matin, à la criée de La Turballe, en Loire-Atlantique. Seulement sept ont trouvé acquéreurs. Vingt-trois tonnes ont été congelées par l'organisation de producteurs, en attendant des jours meilleurs. La mévente de la coquille Saint-Jacques, la semaine passée, n'était pas un cas isolé. Un peu partout, la chute de la consommation fait trembler les criées, depuis dix jours.
Coup de froid sur la sole
« Le poisson se vend aussi bien qu'une côte de porc à la sortie d'une mosquée, se désespère l'un des plus gros mareyeurs du Guilvinec, le port du Finistère. Je n'ai pas de client. Il y aura 120 tonnes de marchandises dans les criées de la région, ce jeudi. Je n'achèterai pas un kilo. »
Déjà, hier, de la sole a été congelée : sept tonnes au Guilvinec, deux à Lorient. Cela coûte cher. Déjà, à Port-en-Bessin et Cherbourg, en Basse-Normandie, trois tonnes de dorade grise et une tonne de lieu jaune ont été détruites. Après quarante tonnes de coquilles, la semaine dernière.
Quand les pêches sont abondantes pendant les vacances d'hiver, il est normal que les prix chutent. Même les anciens ne se souviennent pas d'avoir un tel recul depuis la crise de 1993-1994, particulièrement sensible en février.
On n'en est pas encore là, mais il y a des similitudes. Certes, l'euro empêche des dévaluations « compétitives » de la lire et de la peseta, comme en 1993. Mais les monnaies britanniques et islandaises sont au plus bas, favorisant les exportations de ces pays.
Les pêcheurs du sud de l'Angleterre proposent du lieu jaune à 1,30 ? le kilo, quand le prix minimum français ¯ ditde retrait ¯ est de 2,60 ?. Les Polonais livrent du filet de cabillaud à 4 ? le kilo, rapportent les mareyeurs. Même pas la moitié du prix français.
Les armateurs dénoncent aussi les équipages immigrés sous-payés qui permettent à l'Écosse de baisser ses tarifs. Enfin, c'est en Espagne, meilleur client des pêcheurs français, que la consommation s'effondre le plus brutalement.
À nos étalages, il n'y a pas encore de baisse significative pour doper la consommation : le prix payé au marin ne représente que la moitié, parfois le quart, de l'étiquette du détaillant.
Si la situation durait, il faudrait peut-être baisser les prix de retrait. Mais là, c'est le pêcheur qui ne s'en tirerait plus. Jusqu'à présent, il a fait le gros dos grâce à un carburant pas cher et des pêches abondantes. Cela ne durera pas.
Raymond COSQUÉRIC.
Hervé