Il n'est pas dans mes intentions de relancer ce sujet pour favoriser les échanges tendus qui ont abouti à la fermeture d'un autre post dédié à ce thème que Marilo a eut le mérite d'initier..
Je me contente d'exposer ici mes émotions. Pas satisfait s'abstenir!....
Jeudi soir comme tous les soirs je me trouvais dans mon salon à regarder un programme télévisé, entendant malgré moi le fracas assourdissant des engins pyrotechniques. Difficile d'y échapper! En ce mois de Juillet les feux d'artifices sont nombreux dans le panorama niçois. De ma terrasse je vois au loin celui d'Antibes et plus près encore, celui de Cagnes-sur-mer. De fait me rendre au centre-ville pour voir ce que ma mère appelait "les illuminations" ne me tente pas d'autant qu'un soupçon d'agoraphobie me retient d'aller dans des lieux très fréquentés.
Je fais une exception pour le feu d'artifice de Miraflor en Espagne dans la mesure où il n'attire qu'une quantité limitée d'amateurs. Par ailleurs j'en apprécie la qualité et l'originalité qui est tout à l'honneur de ce village.
Je m'étonnais en cette soirée du 14 Juillet de l'importance de celui que Nice offrait à la population niçoise et à ses invités. Le bouquet n'en finissait plus de tonner pour finir enfin en apothéose. C'est à ce moment que j'ai perçu un ensemble de détonations quelques peu suspectes. Sans doute sont-ce des pétards lancés par quelques excités de la fête, estimais-je. Oui mais quelques méchants souvenirs réveillaient une vague inquiétude quelques parts dans mon esprit.
Puis je retournais à mon reportage si peu passionnant que je ne me souviens plus sur quoi il portait. Au bout d'un moment ma femme ouvrit la porte du salon en me présentant une mine bouleversée. Un camion a foncé sur la foule! me dit-elle. Il y a au moins trente morts!
C'est pas possible! Pas à Nice! pensais-je, comme si Nice devait être épargnée de la laideur par son irréprochable esthétisme auquel s'ajoute la douceur de son climat.
Les fumiers!!! m'écriais-je, ils ne respectent rien!... Je me dépêchais de changer de chaînes pour avoir la confirmation par les infos de ce que ma femme venait de m'annoncer. En fait de minutes en minutes le nombre des victimes augmentait pour atteindre celui de 84 morts et d'une multitude de blessés.
Une amie infirmière et voisine me confiait hier qu'au vue de l'état de ces derniers, beaucoup d'entre eux ne survivront pas. De plus elle me signalait qu'il y a eu de nombreuses amputations compte tenu de l'état des membres des blessés.
Pauvres gens que je plains de tout mon cœur. Pourquoi ce sort affreux? Pourquoi la stupidité alliée à l'immense cruauté les a frappés aussi durement? Pourquoi un c on d’illuminé a choisi d’emmener une telle quantité de gens avec lui? Croyait-il à la fable des soixante dix vierges qui sont censées l'attendre au paradis des "héros"? A coup sûr s'il en existe un c'est son pendant infernal auquel il aura droit.
Pauvre prom, mon espace de prédilection lors de mes vingt ans. Celui qui m'aidait à panser les plaies d'une adolescence marquée par la sale guerre d'Algérie dans ma ville de naissance, la ville martyr (e) d'Alger. Voila que les mêmes modes opératoires se manifestent près de soixante ans après.
Nice est une ville qui a conquis immédiatement le jeune que j'étais. Fini les rafales de mitraillettes, les bombes, les grenades lancées dans des bus ou les cinémas, Nice offrait sa douceur de vivre et j'en ai largement profité à ceci près que je n'avais pas un sous en poche à l'époque. Comme dit une chanson d'Aznavour: La misère est moins dure au soleil.
Je ne pourrais plus jamais apprécier la promenade des anglais sans y voir les horribles images incrustées à jamais sur les trottoirs et sur l'asphalte. Ils ont infligé l'abomination et la laideur en un lieu qui avait une autre vocation.
En regard de mon expérience du terrorisme je crains, mais souhaite bien sûr me tromper, qu'il ne s'agisse que d'un début fracassant soit mais incitatifs pour les neuneus fans du "sacrifice".
ta prose est toujours une bonne lecture... 
