FAUT-IL ACHETER UN BATEAU VIA UN BROKER
Historique
Je recherchais, en vue d?un prochain tout du monde , un 50 pieds de série, réputé pour son autonomie, ses qualité marine, facilité de man?uvres, et de rapidité dans le petit temps.
Comme ce genre d?unité est relativement rare, hormis quelques unités défraîchies disponibles aux Antilles, je me suis tourné vers les 2 seuls disponibles à la vente : l?un en Italie et l?autre en France.
Ayant contacté Broker en Atlantique et ayant des collaborateurs partout en France, ce, via un site Internet , j?ai visité ce 50 pieds de série dans le sud de la France ; le prix d?acquisition étant évalué à 160 K? HT.
Lors de ma visite, j?ai constaté que ce voilier était dans un état très moyen, et, j?ai donc formulé une proposition sur la base de 135 K? HT, mais sous réserve de diverses interrogations.
Bien que le propriétaire ait consenti à réduire le prix de vente à 140 K? HT, j?ai souhaité réserver ma réponse car je voulais comparer le 2 eme 50 pieds de série disponible en Italie.
Après la visite du voilier italien, lui irréprochable, je me suis donc retourné vers le 50 pieds de série Français car les modalités de paiements proposées par le vendeur italien étaient illégales ( une partie officielle et l?autre sur un compte suisse).
J?ai donc poursuivi ma quête de renseignements auprès du Broker car il subsistait des zones d?ombres.
Les informations obtenues ne m?ont été transmises que verbalement ; notamment, concernant les heures moteur, le propriétaire affirmait qu?elles étaient totalement justes.
De plus, on m?a affirmé que le chantier ou était entreposé le 50 pieds de série faisait des travaux de rafraîchissement sur le voilier. En fait, il n?était là qu?en stockage d?hiver !
Je leur ai précisé que je n?étais pas pressé car je mettais mon voilier en vente, et qu?ils disposaient du temps nécessaire pour effectuer les travaux.
Nous signons un compromis de vente et versons à cela l?inventaire du voilier, j?envois également les seul 10 000 ? en ma possession à titre d?acompte.
Le Broker a absolument voulu faire passer le dossier en financement de suite et m?a demandé de solliciter un prêt à 94% ( prêt bien entendu refusé ). Quel conseil avisé et éclairé !
J?ai donc procédé selon mon idée : solliciter un financement en LOA 50 % accepté par un organisme financier. Le propriétaire ne voulant pas attendre, le Broker l?a fait patienter? car il n?y avait pas d?autre acheteur en vue.
En juin, mon bateau, lui, dans état totalement irréprochable et équité TDM est vendu , j?avais plusieurs personnes très intéressées par mon unité, le Broker ayant également un de mes ex acheteurs mais mes acquéreurs, plus rapides, signent un compromis le jour même de leur visite tant mon voilier leur plaisaient.
Je dois préciser que mes acquéreurs, navigateurs depuis de longues années et avertis, devenus depuis des amis, ne regrettent pas leur achat.
Ayant maintenant le premier loyer de disponible, je contacte le Broker et nous diligentons une expertise réalisée par mon expert et non ceux proposés par le Broker.
Lors de l?expertise, des anomalies apparaissent sur le mat ; lors de ma visite, je n?ai pu m?en rendre compte car il était enfermé soit disant dans un bâtiment sous clés (on m?avait affirmé qu?il était dans un état irréprochable ). Selon l?expert, il convient également de réviser complètement également la machine.
Il y a des traces de cloquages inexpliquées mais sur les ?uvres mortes à l?arrière bâbord, et là l?expert reste sceptique précisant qu?il pourrait s?agir d?une unité cyclonée.
L?inventaire est mis en cause par l?expert qui ne trouve plus le frigo boat et le congélateur.
Nous faisons part de l?expertise au propriétaire et décidons de nous rencontrer à bord.
Au cours de cette entrevue, j?ai enfin pu voir le mat et ce, en présence du voilier local, le Broker et le propriétaire.
Constat : ancien mat à enrouleur, barres de flèches à changer, ( jeu très important ) enrouleur tordu et diverses rayures un peu partout.
Le propriétaire explique que c?est de la faute du chantier qui a mal entreposé son mat et demande à ce que l?on consolide les barres de flèches avec des plus gros boulons ? du bricolage ! je refuse clairement cette solution, dit le voilier local ; selon ce dernier, « changement des barres de flèches ou rien » .
Concernant le Frigo boat, le collaborateur du Broker tente de m?influencer et de m?induire en erreur en prétendant qu?il y a 2 spis au lieu d?un .. il estime donc que cela fait le compte.
Le propriétaire nous explique que ce voilier a été acheté par un couple, qui se sont rendus aux Antilles, puis se sont fâché et que le voilier est resté 2 ans enterré, et que c est son skipper qui lui a trouvé ce voilier et qu?il l?a acheter sans le voir.
Puis le collaborateur du broker demande au propriétaire les divers documents du voilier ainsi que la radiation de pavillon ; celui-ci ne comprend pas que je ne reprenne pas sa société immatriculée à Anguilla, société propriétaire du dit voilier et insiste pour cela.
Je lui précise que je fais financer mon voilier en LOA car il y a des avantages liés à la TVA, et que ce voilier sera Français comme tous mes anciens-voiliers.
Concernant les traces de cloquages sur l?arrière bâbord, le propriétaire précise que cela résulte de l?utilisation d?un produit pour enlever des traces de goudron?.
Depuis, en effectuant un lustrage de cette coque, je me suis aperçu que celle-ci a entièrement été re-laquée. Conclusion : ou cette unité de 11 ans était dans un état lamentable ou effectivement il y a eu d?importants travaux sur les ?uvres mortes mais pas forcément là où il y a ces traces.
Ce 50 pieds de série étant toujours le seul de disponible, je me résigne à ne pas annuler la vente et accepte bon gré mal gré cet arrangement.
Je passe commande auprès du voilier local d?une Lasy-bag et d?une chaussette à spi, puis auprès d?un magasin d?accastillage d?une capote large , d?un radar Furuno, un navtex, Une éolienne aérogène 6, un sondeur interphase, et comme le parc me paraissait beaucoup trop faible de deux batteries de 225 Ah.
Mon voilier étant vendu, je me rends à bord le 2 eme week end de juillet pour y déposer mes affaires ; je rencontre le propriétaire assez remonté car l?expertise ose « démolir » son voilier alors qu?il a toujours eu à bord des skippers professionnels . Je lui propose de lire l?expertise , mais celui ci refuse catégoriquement.
Samedi 24 juillet : mise à l?eau du voilier, et là les mauvaises surprises arrivent..
Avec le concours du responsable du chantier , nous démarrons le moteur afin d'amener le voilier à la place désignée par la capitainerie : gros nuages de fumée noirâtre, aucune puissance et importantes fuites d?eau.
Comme le vent est de la partie, le responsable du chantier avec l?aide des employés de port et un bateau à moteur ont bataillés plus d?une heure pour amarrer le voilier à sa place.
Puis nous nous apercevons que la survie est en bout de course et qu?elle est anglo-saxonne, le responsable du chantier me précise que si je le désire du fait que la législation va changer, de me vendre une survie d?occasion à un prix dérisoire, ce que j?accepte immédiatement.
J?ai appelé immédiatement le Broker pour l?informer de ce qui se passait, précisant que le responsable du chantier dès le lundi, contacterait un diéséliste pour diagnostiquer le moteur.
Puis nous effectuons les pleins des réservoirs d?eau et là quelle surprise : celui de tribord se vide dans la cale ; nous soulevons les planchers et voyons l?eau sortir d'une réparation faite avec du silicone.
Le Propriétaire dépassé, m?appelle et me donne le numéro de téléphone de son skipper : ce dernier fut très bavard...
Cette personne, skipper professionnel de bonne foi, connaissait peu ce voilier car il n?a fait que la saison d?été 2003.
Concernant les heures moteur, il me répond qu?il doit avoir entre 4 et 5000 heures (ce bateau a plusieurs traversées a son actif et a été exploité aux Antilles) ; pour le réservoir, il a eu la même mauvaise surprise que moi ; enfin s?agissant des voiles, il me précise qu?il n?y a pas de génois à bord mais un Solent de 50 m2.
Il me précise également que le propriétaire refusait de voir son bateau se traîner : lorsqu?il était à bord, il ne sortait pas avec des vents inférieurs à 35 / 40 n?uds, et lorsque la vitesse du voilier était inférieure à 7 n?uds, il fallait démarrer le moteur.
Durant l?été dernier , il a promené les clients du propriétaire en Sardaigne et du fait des vents faibles il a souvent fait du moteur.
A la fin de la saison, le moteur a eu d?importants signes de faiblesse et une importante fuite d?eau de mer au coude d ?échappement est apparu.
Concernant les batteries, l?autonomie en énergie du voilier est de 2 heures sous voile ; après il faut démarrer pour recharger ?. les frigos : en navigation il ne faut se servir que d?un seul car l?autonomie tombe encore plus vite, de plus le pilote se coupe de temps en temps.
Le Propriétaire ayant prêté son voilier à l?un de ses amis, malgré la fuite d?eau de mer qui arrosé toute la cale, celui ci s?est reposé puis à leur retour, s?est occupé de trouver un chantier pour l?hivernage du voilier et a dressé une liste des travaux à faire sur le voilier et le moteur qu?il a remise au propriétaire.
Le skipper a hiverné le voilier sauf le moteur à cause des importants travaux à faire.
Sur ses dires, le lendemain j?avertis le Broker que le propriétaire est informé des déboires du moteur et qu?apparemment il aurait entre 4 et 5000 heures et que j?attend ses explications.
Je commande en catastrophe un génois sur enrouleur afin d?avoir assez de toile pour faire le tour de l?Espagne et convoyer ce voiler en Atlantique.
Le propriétaire envoie ensuite un mail nous précisant que l?on ne peut pas mettre sa parole en doute ; pour le réservoir, il s?agit d?un oubli. Quant au compteur d?heures, il n?aurait jamais été trafiqué.
J?informe le Broker que la coupe est pleine et qu?en septembre je compte mettre en place une procédure à l?encontre du propriétaire.
Le 30 juillet, nous nous rendons à bord pour mes vacances ; bien sûr, le voilier n?est pas prêt, non maté, le moteur toujours en panne car les pièces n?arrivent pas et l?annexe est introuvable.
Le 5 juillet à 16 heures, le moteur tourne enfin, à 17 heures mon génois est livré et à 17h30 nous quittons le port car j?ai un acte de francisation provisoire et qu?il ne me reste plus que 3 semaines pour aller en Atlantique.
Arrivé aux Baléares, le Broker m?affirme que le propriétaire est d?accord pour me rétrocéder 10 000 ? à titre d?indemnisation concernant l?inventaire faux et l?immobilisation .
J?en informe une amie qui prend contact avec le Broker et prépare une transaction en ce sens mais pour 12 000 ? (étant entendu que la somme vient en surplus de la prise en charge des réparations moteur) ; Transaction immédiatement acceptée par le propriétaire . Je réceptionne la transaction la signe et la faxe d?Ibiza .
Puis de Formentera à Gibraltar, le vent étant à contre, le temps m?étant compté, je suis obligé de faire du moteur afin d?être dans les temps et colmate une importante fuite de gasoil qui vient de la pompe à injection ainsi que la bôme qui se désolidarise du mat.
Pendant ma navigation, en rangeant des documents dans la « table à carte », je découvre un journal de bord oublié de 2000/2001 et commence à le lire, et là je découvre en page 2 que le 17 octobre 2000 le compteur d?heure moteur a été changé à 2661 heures.
Pendant cette année 2000/2001 le voilier est parti aux Antilles, à son retour, le compteur affiche 837 heures, alors que moi (cette même saison ) avec mon précédant voilier j?ai fait le même parcours mais j?ai fait les pleins aux Canaries et ne les ai refait que 6 mois plus tard à st martin?.
J?en informe par mail le Broker ; leur position est claire : « vous avez signé une transaction et ne pouvez prétendre à rien et de plus je vous demande de ne plus m?écrire ».
Mais avant Gibraltar, je me retrouve sans alternateur, mais grâce à mon parc de batteries de 450 Ah et mon éolienne, je maintiens le niveau des batteries au mieux.
Arrivé à Gibraltar je fais les pleins et niveaux, et là consternation, plus d?huile, je complète en versant pratiquement 5 litres.
J?envoie à nouveau un mél au Broker les informant que le moteur à 4200 heures au lieu des 1550 et qu?il consomme beaucoup trop d?huile. Compte tenu de tous ces désagréments, j?entends dénoncer la transaction pour tromperie si l?on ne trouve pas un accord concernant la dépose et la remise en état de la mécanique.
Depuis, silence radio?
Je fais escale à Lisbonne pour y prendre 2 batteries supplémentaires et fais réparer les alternateurs ( fils oxydés par l eau de mer ).
Puis c?est la remontée du Portugal au moteur, le vent étant encore à contre, la mer étant forte, tous les panneaux font de l?eau, les cabines avant sont trempées, les jauges à carburant baissant un peu trop vite, je pense qu?il doit s?agir d?une erreur car j?ai mis plus de 500 litres à Gibraltar, et que le constructeur donne pour ce voilier une autonomie au moteur de plus de 1000 miles, arrivé un peu avant Bayona, nous désamorçons, plus de carburant.
Nous regagnons Bayona à la voile et refaisons les pleins le lendemain et mettons 520 litres de GO et encore près de 5 litres d?huile .
Puis nous continuons notre route à la voile ou au moteur suivant les conditions et arrivons la veille de l?expiration de notre acte de francisation à notre port de destination.
Je contacte le Broker pour leur demander si le dossier avançait . On me rétorque que seul leurs Gérant gère le dossier mais qu?il est absent. Je précise donc que je me rendrais au Grand Pavois pour le rencontrer.
Le samedi 18 septembre, je me rends au Grand Pavois pour le rencontrer. J?ai dû persévérer par trois fois.
La 3eme tentative est la bonne : je me retrouve face à lui, me présente, et là, il me précise ( sur un ton méprisant ) qu?il a demandé au propriétaire de ne rien faire et que l?on allait en rester là.
J?attire son attention sur l?importante consommation d?huile du moteur ; celui-ci est à déposer et à remettre en état.
Réponse cinglante : le propriétaire a été trop gentil avec vous et d?attendre que je sois prêt à lui acheter ce voilier .. en bref, j?ai voulu jouer dans la cour des grands, j?en assume donc les conséquences !
Finalement, il s?emporte violemment en me précisant que j?ai obtenu 12000 ?uros .. et de me demander, sur un ton ulcéré, de me « casser très vite de son stand »? sur ces derniers mots, il me tourne le dos et se dirige vers ses collaborateurs.
Conversation clause.
Concernant l?attente du propriétaire, il avait loué son voilier avec skipper pour 15 jours en Croatie et m?a même demandé au Broker que je reprenne son contrat ; j?ai répondu que je ne louais jamais mon voilier et lui ai proposé de le mettre en relation avec des amis qui font du charter.
Donc, l?ancien propriétaire du voilier, depuis le début, ment ouvertement sur l?historique de son bateau.
Maintenant concernant le journal de bord oublié dans la table à carte, il précise qu?il me l?a laissé volontairement pour que je vois bien que son voilier a très bien était entretenu?..
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A ce jour nous lançons un référé-expertise , le propriétaire n?étant pas ressortissant Européen, je suis, bien entendu, conscient que le dénouement de cette affaire sera longue et coûteuse? mais je suis prêt à aller jusqu?au bout afin de mettre le Broker devant ses responsabilités.
Outre les man?uvres dolosives, je n?exclus pas de porter plainte pour délit de tromperie contre le propriétaire ( tel que défini par l?article L213-1 du Code de la consommation).
Il serait également bon de rechercher la responsabilité du cabinet de courtage au motif d?un manque de diligence et d?un défaut de conseil.
En parallèle, nous saisissons la DDDCRF pour publicité mensongère et délit de tromperie du Broker, car il y a de plus en plus de plaintes contre cette société dont les acheteurs de mon ancien voilier ( la plaquette publicitaire dans laquelle le Broker vante son professionnalisme et son expertise). Par ailleurs, la Commission des Clauses Abusives a été saisie du problème et se prononcera au cours des mois prochains.
La morale de cette histoire, c?est que maintenant, entre l?achat d?un bateau à un propriétaire en cas de problèmes vous n?avez aucun recours, le chantier ou dépôt vente est tenu à une garantie contractuelle c?est pourquoi, ils s?entourent de garantie sur le bateau vendu et exigent que le propriétaire d?origine effectue des travaux à ses frais avant d?accepter le mandat de vente, quant au courtier ou broker il n?offre pas de garantie sur les vices cachés?.. mais prend tout de même une commission de 10% au passage, à vous de choisir?.
Maintenant concernant la profession de broker, une loi doit être faite afin de réglementer ce secteur en plein boom, en espérant qu?elle prendra en compte l?accès à la profession, la responsabilité du courtier et sa garantie financière.
Pourquoi le chantier, concessionnaire, agent de la marque ou le dépôt vente sont tenu à une garantie contractuelle alors que le courtier ou broker qui lui ne risque rien, ne fait que prendre de plus en plus de bateaux afin d?avoir des fichiers bien remplis, encaisse, sans aucune garantie financière de grosses sommes d?argent aux risques et périls des acheteurs ou vendeurs qui eux, risquent de tout perdre en cas de dépôt de bilan du broker.
Les consommateurs se sentent démunis face à une profession non réglementée ne présentant aucune garantie , il ne serait ni juste ni équitable que les professionnels de ce secteur d?activité puissent agir à leur guise parce qu?ils se pensent au-dessus des lois . Acquérir un voilier ( quelle qu?en soit la taille) n?est plus forcément un symbole de richesse , c?est simplement le choix de vivre autrement?
Merci de diffuser ce mail à un très grand nombre de navigateurs afin qu?à l?avenir cela ne se reproduise plus et bonne navigations à tous
B.M. 45 Orléans