Un peu de technique pour les longues soirées d'hivers...
Les huiles de mon bateau, comment ça marche ?
Le cahier des charges d'un fluide lubrifiant est très
élaboré.
Je vais donc essayer d'en expliquer les principales propriétés.
La viscosité (ce n'est pas la qualité...)
Pourquoi pas une multigrade...
Qu'elle viscosité pour nos embases?
La Viscosité ce n'est pas tout!
Extrême pression?
Mais comment s'y retrouver!
Les bonnes zuiles pour les marins (pas malins)!
Les LS?
Dans mon embase, ça baigne!!!
J'veux pas tout lire, on peut résumer un peut!!!
Dossiers voisins:
Vidanger son embase...
Souvent en choisissant une huile on se contente de regarder
la viscosité.
La viscosité est une caractéristique importante certes, mais elle ne détermine
pas la qualité de l'huile.
Dans les huiles de réducteurs, quand on parle de 90 il s'agit de la propriété physique la plus basique: la viscosité.
Il s'agit d'une classification US (il y en a d'autres, mais en automobile, c'est la plus utilisée) émanant de la SAE (Society of Automotive Engineers), mise en place en 1911.
Sommairement, les rôles principaux de la viscosité sont d'assurer l'étanchéité, le refroidissement, et, en relation avec d'autres agents chimiques, l'onctuosité.
Viscosité et températures sont liés, la viscosité étant choisie selon la température de fonctionnement de l'organe, afin d'assurer une lubrification à froid dès la mise en service, mais également à chaud (la viscosité diminuant avec l'augmentation de la température).
Dans le cas qui nous intéresse, l'embase étant immergée, la température de fonctionnement variera très peu.
(je pense que peu d'entre nous irons démarrer leur moteur dans les mers arctiques!)
Les grades SAE pour réducteurs...
Quand on évoque un grade de viscosité à 2 nombres (80W/90) il s'agit d'huiles dites multigrades, le 1er chiffre suivit du W indique un grade hiver, le 2eme chiffre un grade été.
Ceci nécessite déjà l'utilisation d'une chimie plus complexe, et fragile si le formulateur de l’huile recherche l'économie.
En général si l'on n'a pas de contraintes de température, l'on évite ce genre de produits.
En effet les polymères utilisés peuvent être selon la qualité du produit (donc son prix) plus ou moins stables au cisaillement.
Ce qui veux dire, que «laminé» par les dents des pignons, l'huile peut 'casser' et perdre ses propriétés.
Elle peut ainsi devenir fluide comme de l’eau !
Les grades SAE pour réducteurs...
En général un technicien de la lubrification dira: reportez vous aux préconisations du constructeur, mais voici un petit résumé:
Monograde SAE 90 | Préconisation habituelle, pas de problème |
Monograde SAE 80W | A defaut de 90, vérifier régulièrement le niveau |
Autre monograde (SAE 140,...) | Déconseillé |
Multigrade SAE 85W/90 ou SAE 80W/90 | Acceptable à défaut de 90 |
Multigrade large (80W/140, 75W/90,...) | Déconseillé |
Mais attention, ne vous limitez pas à la viscosité, ce n'est pas suffisant!!
Comme vous l'aurez compris, la propriété de viscosité ne
suffit de loin pas à déterminer si une huile correspond ou ne correspond pas
à une application donnée.
En effet la qualité technique d'un lubrifiant dépend de
ses propriétés chimiques.
L'onctuosité...
Anti oxydation...
Anti corrosion...
Anti mousse...
Désémulsion de l'eau....
Figeage...
Adhésivité...
Lubrification à sec...
Extrême pression...
Dans le domaine de la lubrification, on évoque souvent la
notion d'onctuosité.
C'est un terme assez subjectif, intimement lié à la viscosité et aux propriétés «extrême
pression».
On peut dire que c'est la capacité de résistance du film d’huile.
Les huiles végétales, animales et minérales ont les meilleures onctuosités naturelles.
Lors du service, une huile à tendance à s’oxyder. Ses
propriété physico-chimiques peuvent évoluer.
(On parle de l’oxydation de l’huile et pas des composants mécaniques bien sûr.)
Une bonne huile contiendra des inhibiteurs permettant de stabiliser ses propriétés.
L’huile doit être neutre. Elle doit empêcher la corrosion des pièces mécaniques essentiellement à l’arrêt et/ou en présence d’eau.
Le brassage de l’huile provoque un émulsion huile/air. L’huile doit contenir un anti-mousse.
Un réducteur pouvant recevoir de l’eau (pollution ou condensation), une émulsion huile-eau pourrait provoquer des ruptures du film d’huile et entraîner des corrosions.
Les huiles réducteurs sont conçues pour séparer facilement l’eau qui se décantera au fond du réservoir.
Dans les conditions froides, l’huile doit pouvoir
circuler dès mise en service du mécanisme.
(Voir également le paragraphe sur les viscosités hivers)
Ces propriétés apportées à certaines huiles de réducteur spécialisées
permettent de contrôler les projections, à l'huile de s'accrocher aux parties
métalliques et de réduire les bruits de pignoneries.
On ne les trouve pas dans les huiles de réducteurs courantes.
L'apport de bisulfure de molybdène (lubrifiant sec micronisé) dans
certaines huiles de réducteurs spéciales permet d'assurer une continuité de
lubrification même en cas de manque temporaire d'huile (p.e. demarrage en forte
charge).
Ces huiles sont de couleur grise avec des reflets argentés.
Il s’agit de la propriété la plus délicate d’une huile réducteur.
Lors du fonctionnement les dents des engrenages subissent
des pressions très élevées, car le contact est très ponctuel.
Le film d’huile risquant alors de se rompre, des usures
voire des micro soudures peuvent se former provoquant des arrachements de métal.
Les engrenages, peuvent également subir des chocs, qui
doivent être amortis.
L’huile aura pour objectif de régler ces nombreux problèmes.
On parle alors d'huile «Extrême pression» (marqué généralement EP sur les bidons).
Mais attention, la chimie utilisée pour protéger les
dents des pignons est incompatible avec certains alliages pouvant
être utilisés pour les paliers (et surtout pour les synchros dans les Boites
de Vitesses).
Pour la même raison on ne mettra pas une huile de réducteur automobile dans les treuils ou dans certains ponts équipés d'une vis sans fin avec une couronne en bronze ou contenant des métaux cuivreux.
Cette chimie 'extrême pression' est basée sur de dérivés souffre et phosphore, ce qui donne cette odeur caractéristique, un peu 'salée/piquante' des huiles réducteurs.
Pour la petite histoire, le meilleur agent extrême pression qui n'ai jamais existé est le plomb (pour les plus mordus de mécanique, cela doit évoquer des problèmes de sièges de soupapes liés à l'utilisation des essences sans plomb dans les moteurs anciens...) mais très polluant.
De nouveau il y a des normes qui indiquent les propriétés
chimiques minimales.
La plus utilisée est la norme API (Americain Pétrole
Institute)
Résumé de la Norme API (huiles pour réducteurs) | |
GL1 |
Réducteurs peu chargé |
GL2 |
Huile pour réducteur à vis sans fin (avec adjonction d'huile de ricin) |
GL3 |
Huile anti-usure pour réducteurs faiblement chargé |
GL4 |
Huile 'moyennement' extrême pression (teneur en agents chimiques limitée) |
GL5 |
Huile fortement extrême pression (peut être incompatible avec certains matériaux) |
Concernant les propriétés typiquement marines, il n'y en a pas, c'est du «baratin» commercial, hormis l'emballage, adapté au volume et à l'utilisation directe sur l'embase.
Concernant la séparation de l'eau: c'est une propriété
naturelle de ce type d'huile, comme pour les huiles
hydrauliques.
Les huiles moteurs 4tps, au contraire, neutralisent et capturent l'eau, jusqu'à un certain seuil (voir dossier correspondant).
Enfin pour terminer: éviter également d'utiliser les huiles de réducteur type LS (Limited Slep) réservée aux ponts à glissement limité.
Le mode de lubrification d’une embase est du type par
barbotage en carter étanche.
C'est une belle tournure pour dire que les pignons baignent dans l'huile et les
projections suffisent pour graisser les parties hautes.
Pour le remplissage d'huile, quelques précautions sont à prendre.
Un volume trop important d’huile entraînera des frottements provoquant échauffement,
perte d’énergie, et dilatation pouvant endommager le mécanisme.
On veillera donc à ne pas dépasser le témoin de niveau supérieur.
Inversement il faut qu'il y ait suffisement d'huile afin que l'ensemble du mécanisme
soit lubrifié correctement.
On veillera donc à se que le moteur soit en bonne position
verticale dans les 2 directions gauche/droite et avant/arrière quand on contrôlera
le niveau.
(Voir fiche pratique : Changer l'huile de son embase...)
Pour les embases préconisant une SAE90 on peut utiliser toutes SAE90 GL5 de bonne qualité.
J’espère que vous êtes arrivé jusqu’ici, sans
vous endormir…
...sinon n'hésitez pas à me donner
vos observation, ou critiques en cliquant ici...
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