Bonjour,
Aujourd'hui il me vient l'envie d'écrire . Je vais donc apporter un peu de vitamines à un post aussi joliment intitulé mais qui pourtant me parait s'anémier.
Prière de n'y voir aucune autre motivation que celle de conter une histoire tout à fait authentique et, à signaler,pas hors sujet . Ce qui n'est pas courant dans mon cas,je le confesse .
Huit heures , je me lève et sors humer l'air du matin de la playa
Estano. Seuls quelque moineaux égaillent le lieu de leurs piaillements joyeux (en fait chiants, car à mon réveil je ne suis pas à prendre avec des pincettes).
un quart d'heure plus tard , ma femme, mon fils Alain et moi, petit-
déjeunons sur la terrasse de la villa que nous ne louerons plus dorénavant pour cause de casse (Maudit promoteur!).
Les mouches espagnoles sont déjà actives . Gaffe aux tartines!
Après cela, Alain et moi préparons notre équipement de chasse sous-marine . Un peu lourd l'ensemble d'autant que nous prenons pas mal de matériel en double ,au cas où...
Paco et Eugenio ponctuels, se pointent à neuf heures .Les bruits du secteur étaient encore ténus jusqu'à leur arrivée mais Paco déteste le silence . J'ai beau lui faire signe que les voisins dorment encore, il baisse le son de sa voix quelques instants et puis ça repart.
En ce mois d'Août 2002 nous bénéficions de l'indifférence des autorités maritimes de Dénia quant à l'emplacement des bateaux (leur stationnement).
Ceux-ci sont au mouillage non loin du bord , chacun d'eux attaché à un corps mort . Le notre ,un Futura Mark3, vieux de vingt deux ans
mais renforcé au point d'être plus solide qu'un neuf ,ne sortira pas aujourd'hui, ni demain pas plus que le reste des vacances.Le Yam tourne parfaitement mais l'embase est amochée. Beau travail d'un 'pro' du port de Nice !
Quelques personnes se déplacent d'un pas alerte sur le sable humide, d'autres pratiquent leur jogging quotidien histoire d'entretenir la forme.
Quelle idée ! Alors que la mer leur tend les bras...Enfin ,chacun son truc.
Paco ramène son pneu à la orilla (au bord).Il le tire au moyen du bout attaché à la poupe comme s'il guidait un destrier . Je suis sur que si tel était le cas il n'aurait pas plus d'affection que pour son sr.
Ce dernier est un Duary de 4m50 acheté au salon nautique de Barcelone .Les aménagement intérieurs ont été conçus d'après ses souhaits .
Son poids de (500 kg) ainsi que la coque en v très prononcé
confère à l'embarcation une excellente tenue par mer formée .Notre ami en est très fier (il sera perplexe en le comparant au SRNM 500).
Au chapitre des mauvais points il faut souligner que la propulsion du moteur Honda 50 cv est insuffisante pour le faire déjauger avec plus de deux passagers.
Là nous sommes quatre, plutôt charpentés, avec une tonne de matos.C'est dire que nous nous éloignons en petite vitesse en direction des bancs rocheux situés entre dix huit et vingt mètres de fond.
Pour l'instant la sonde n'indique que seize mètres et nous nous trouvons approximativement à deux km de la côte.Il nous faut encore progresser de quelques centaines de mètres .
Mon regard émoussé par la monotonie d'un parcours trop lent
se fige sur un mouvement atypique parmi les courtes vagues qu'encourage un début de 'Poniente'.
Je l'ignore à cet instant mais chacun de nous a repéré le phénomène et faute de pouvoir l'identifier aucun n'ose en parler.
Moins d'une trentaine de secondes plus tard une formidable nageoire
fend la surface de l'eau.
Mira!!! Nos voix se confondent en un cri unique.
Incrédule, je nous vois tout à coup inclus dans le scénario du film :
Les dents de la mer.
'Es un tiburon o que?' propose-je
'No,un delfino'assure Eugenio.
'Un delfino asi grande? no es possible' je rectifie.
Sensiblement nous nous rapprochons de l'endroit où vient de disparaître
la monstrueuse nageoire . Pour moi il est clair que si nous avons à faire à un requin cela ne peut être qu'un grand blanc (ma hantise).Après tout le record mondial de capture(en taille) de ce pélagique n'a-t-il pas eu lieu à Malte(7mètres)?
Soudain, un dos large de plusieurs mètres jaillit de l'eau à une distance de vingt mètres sur tribord,n'autorisant aucun doute sur l'identité de la bestiole: Une baleine et pas d'une espèce moindre .La robe noire me laisse penser qu'il s'agisse d'un rorqual commun.
A mesure que nous suivons les évolutions du mammifère nous
réalisons qu'il n'est pas seul .Un congénère l'accompagne .Chacun
d'eux ne mesure pas moins de vingt mètres.
Sans nous poser plus de questions nous nous mettons à les suivre.Cela nous est facilité par les 'taches'qui précèdent l'émergence de leur corps. En effet,les fluides propulsés par leur formidable musculature font naître en surface une zone lisse cernée de vaguelettes
qui s'écartent progressivement sous la poussée.
En repérant cela nous les localisons sans trop de difficultés.
Pourtant à un moment donné il nous semble avoir perdu la trace des 'monstres'. Imprudemment nous nous sommes placés sur la trajectoire imminente de l'un d'eux .Il est trop tard pour nous écarter.
L'énorme tête surgit en face du Duary qui à cet instant ressemble plus à un 'Sevilor' de garçonnet qu'à un bateau digne de ce nom. Seule l'exaltation de vivre un évènement exceptionnel nous fait oublier la crainte d'être renversés . Il est vrai aussi que la réputation du caractère pacifique de ces cétacés nous assure que le pire n'est pas à redouter.
Avec une précision sans faille les vingt mètres de l'animal
s'enfoncent sur le côté du sr et glissent au dessous en passant à quelques centimètres de la quille .
J'ai besoin de remercier quelqu'un ou quelque chose pour cette merveilleuse rencontre .Tiens, pourquoi pas le ciel ou Neptune?
Allons-y pour Neptune, ça ne mange pas de pain (j'ai d'autres raisons d'avoir de la gratitude envers Neptune mais leur récit n'est pas à l'ordre du jour).
L'autre, la copine , s'est rapprochée des plages . Elle tourne sur elle même en claquant l'eau de sa nageoire pectorale . A cet endroit la profondeur n'est que de douze mètres ,une simple baignoire pour notre aimable baleine.
Comme il n'est de bonne compagnie qui ne se quitte ,débordant de reconnaissance nous voyons nos amies de fraîche date prendre le large et poursuivre leur route 'vallonnée' en direction de Valencia .
La pêche est passée au second plan . Il nous importe surtout
de faire savoir à toute la plage dés notre retour que le sort a transcendé
une journée ordinaire pour nous offrir une fantastique aventure.
L'aventure n'est-elle pas ce qui motive l'amoureux de la mer
et tout particulièrement le pécheur sous-marin?
Amicalement.
Burtiflup